Le grand Maître Stephen King.

Comme beaucoup, nous connaissons Stephen King comme le maître du suspens, de la tension, du fantastique ou encore de l’horrifique. Mais lorsque celui-ci délaisse son imaginaire, le temps de confidences, le résultat nous donne encore entière satisfaction. Stephen King nous dit comment écrire.

Dans ce livre, «Écriture, mémoires d’un métier», il aborde les difficultés, mais aussi les bienfaits, du métier d’écrivain. Il dévoile également son intimité et nous plonge au cœur de son enfance et de son couple, piliers de son devenir. Sa mère et sa femme sont en effet les instigatrices de sa persévérance. C’est d’ailleurs son épouse qui le mettra en lumière en récupérant dans la poubelle son premier roman à succès intitulé «Carrie» (publié au printemps 1974 et adapté au cinéma) et que Stephen King avait jeté doutant de ses qualités. Ainsi, elle l’encourage à remanier ses écrits et à les publier. Preuve que si votre roman est parfois refusé par les éditeurs, c’est tout simplement qu’il faut encore travailler. Oui, lui aussi a connu la difficulté. Il s’est heurté à des maisons d’édition rejetant son style gore, familier et trop populaire pour certaines. Pourtant, sans ce style bien à lui, je me demande quelle serait notre perception de ses romans ?
(Je pense notamment à cet instant à Frédéric Dard alias San Antonio au style bien appuyé !)

Leçon n°1 : gardez votre style et travaillez-le afin de trouver votre lectorat, n’essayez pas de plaire à tout le monde. Tentez votre chance là où la ligne éditoriale correspond à ce que vous écrivez. Persévérez.

Pas de spoiler !

Pas facile de ne pas spoiler… Je vais tenter de rester succincte sans être expéditive. Quelques extraits me semblent tout de même à propos. Je commencerai par le commandement suprême:

Lis beaucoup, écris beaucoup.

C’est LA BASE ! Surtout la lecture !

Extrait: «La véritable importance de la lecture est qu’elle vous familiarise avec le processus de l’écriture, vous le rend intime; on arrive au royaume de l’écriture avec des papiers d’identité à peu près en règle. Le fait de lire sans arrêt vous fera accéder à un lieu (un état d’esprit si vous préférez) où vous pourrez écrire avec ardeur et sans vous forcer […] Plus vous lirez, moins vous courrez le risque de vous ridiculiser avec votre plume ou votre traitement de texte.»

Comment aimer lire ? C’est un sujet que je traite dans un autre article. J’ai moi-même connu ce problème malgré mon irrésistible attirance pour les livres et l’écriture depuis toujours. Aujourd’hui, je dévore !

Sans plaisir, ça ne peut pas fonctionner.

Comme Stephen King l’explique à propos des cours de saxo de son fils, on peut être assidu, mais sans aucun plaisir. Mauvaise pioche !
En dehors des cours et des divers exercices que le gamin effectuait sans rechigner, il ne ressentait pas le besoin de sortir l’instrument de son étui. Aucune envie de jouer des heures dans sa chambre, de composer ou encore de s’évader en jouant de la musique. Ce n’était donc pas le bon choix.

Leçon n°2 : faire ce que l’on aime. Écrivez parce que vous aimez ça. Si ça vous rebute, l’écriture n’est pas pour vous. Ou bien les conditions ne sont pas réunies ce jour-là. Personnellement, il y a des situations ou des endroits qui m’inspirent, où naissent des idées de romans, mais qui ne seront pas forcément l’endroit idéal ou le contexte idéal pour les développer et les coucher sur papier. Écrire, c’est un état d’esprit. Stephen King précise d’ailleurs: travaillez la porte fermée, que ce soit pour écrire, relire et corriger. Vous aurez bien le temps de l’ouvrir plus tard. Rien ne doit vous distraire. À l’ère des téléphones portables et du «tout connecté», pas facile. Et si l’on se penche, déjà à l’époque, sur la méfiance chronique de King envers les nouvelles technologies, auxquelles il prête asservissement et dépendance de la part de nous autres les humains (à juste titre d’ailleurs), on constate qu’il avait vu juste depuis bien longtemps. Coupez tout, fermez portes et fenêtres (hormis si vous êtes en pleine campagne) et entrez dans votre bulle.

Il arrive aux meilleurs d’entre nous de rater leur coup.

Voilà qui est rassurant. Il nous le dit : il s’est raté. Notamment sur le film «Maximum over drive», qu’il a écrit et réalisé, issu de la nouvelle «Poids lourd» (1973) adaptée au cinéma en 1986. Ce n’est pas ce dont il est le plus fier. Encore une fois, cela démontre que se tromper ne fait pas de vous quelqu’un de mauvais dans le domaine, mais juste un fruit pas encore mûr pour la cueillette ! N’oubliez pas que, même après une belle cueillette, l’année suivante ne donnera pas forcément d’aussi bons fruits. Même chez les écrivains, il y a de bonnes et de mauvaises récoltes, de bons et de mauvais crus. Ensuite, tout est affaire de goût. Certains lecteurs ne s’abreuveront que d’excellence, tandis que d’autres trouveront le cru plutôt bon même si ce n’est pas le meilleur.

Leçon n°3 : Croyez en vous, mais remettez-vous en question si nécessaire. Acceptez la critique. Prenez sur vous, elle peut être virulente !

Stephen King s’est fait reprendre, corriger, lapider et a lui aussi ses détracteurs. Et pourtant, il fait bel et bien partie des maîtres du genre, il fait vendre. Et pour s’assurer que son nom n’était pas l’unique raison pour laquelle les lecteurs achetaient ses livres, il a publié plusieurs romans sous un autre nom. Résultat ? Ils se sont vendus aussi !

Que retenir des conseils de Stephen King ?

Les conseils sont un peu les balises des chemins de randonnée. Ils nous indiquent la direction, mais rien ne vous oblige à les suivre. Vous pouvez changer de parcours en choisissant un chemin plus ardu, à vos risques et périls. Si vos ressources sont suffisantes, vous terminerez sans doute le parcours difficile que vous aurez choisi, non sans encombres, mais en allant au bout, avec la possibilité de vous faire remonter les bretelles, car vous avez pris des risques, mais qui finalement paieront. En revanche, si vos ressources sont insuffisantes et que vous suivez un parcours pour lequel vous n’êtes pas à la hauteur, vous optez pour un éventuel retour en arrière, voire pire: la chute !

Cela dit, dans les deux cas, à vous d’en tirer les bonnes leçons.

«Écriture, mémoires d’un métier».

Avant de terminer cet article, je souhaitais partager un autre extrait intéressant. Dans l’avant-propos 2, Stephen King nous dit clairement que l’écriture, ça ne s’explique pas et que les auteurs eux-mêmes font les choses sans vraiment savoir pourquoi. Ils le font, un point c’est tout. C’est peut-être ça, l’inspiration. Vous pourrez donner tous les conseils du monde à quelqu’un qui n’a pas d’inspiration, ça ne servira à rien. Quand je vois fleurir un peu partout sur internet cette phrase: «Le talent, ça s’apprend», non ! Le talent se développe, nuance ! Nous avons ici un bel exemple de l’importance des mots. En ce qui concerne son conseil, je cite: «Tout aspirant écrivain devrait lire: Element of style de William Strunk Jr», je pense qu’il est bon à suivre !

Texte issu du livre de Stephen King-Ecriture, mémoires d'un métier

«Aucun écrivain ne suivra les conseils de son dir’lit* ; car tous ont péché, aucun n’a jamais atteint la perfection littéraire.»
*Directeur littéraire

Ce que je retiens de ce livre, c’est qu’il faut travailler et développer ce qui couve en nous, mais qu’il existera toujours une prédisposition ainsi qu’une part de feeling qui, peut-être, fait partie de ce que l’on appelle le talent. C’est un peu comme un chanteur qui possède une belle voix, mais aucune émotion dans celle-ci. La technique de l’écriture sans la transcription, la communication des émotions sur le papier me parait inutile. Si nous ne faisons qu’appliquer, il n’y aura pas d’investissement. Ce qui nous ramène à la leçon n°2. Après tout, nous devons captiver le lecteur, le conduire à ressentir l’histoire, à s’identifier. Voilà pourquoi il est important de bien cibler ses lecteurs. Votre lectorat attend une chose en particulier. Les puristes ne toléreront aucune bourde: qu’elle soit d’orthographe, de grammaire, de style, de ton, de vocabulaire et j’en passe, même si votre histoire est bonne. D’autres se concentreront sur l’histoire faisant l’impasse sur les erreurs et coquilles, volontairement ou parce qu’ils n’ont rien vu emportés par le scénario. Dans chacun de mes livres, des erreurs subsistaient après publication et beaucoup sont passés à côté. En cherchant bien, il en reste peut-être encore d’ailleurs. Je peux même vous dire que j’en ai relevé deux dans la version de poche de Stephen King ! Étonnant non ? Laissez-moi un commentaire si vous les trouvez !

Nous avons cette facilité à repérer les fautes à la lecture de textes qui ne sont pas les nôtres et à ne pas voir celles que nous commettons. Voilà pourquoi Stephen King conseille, une fois votre manuscrit terminé, relu et corrigé, de le ranger et ne le ressortir que six semaines plus tard environ. Vous serez de nouveau dans la découverte et plus enclin à y voir clair.

Je vous invite vivement à découvrir «Écriture, mémoires d’un métier» de Stephen King, et d’en tirer ce qui vous semble important.

Bonne lecture !