Clin d’œil humoristique à l’actualité Corse.
Merci à l’article de Corse-Matin concernant la déviation des lignes d’avions, et aux trois coqs de notre voisinage qui chantent n’importe quand, sources d’inspiration ! 


Dans un village paisible, trois coqs du nom de Coco, Rico, et Paco s’adonnaient chaque soir à des festivités débridées, célébrant avec ardeur leur liberté volatile. Leurs soirées endiablées, ponctuées de chants et de danses jusqu’aux premières lueurs de l’aube, les laissaient si exténués qu’ils en oubliaient leur devoir sacré : chanter au lever du soleil.

Au lieu de synchroniser leur cocorico avec l’astre du jour, nos compères s’égosillaient à des heures totalement imprévisibles, déclenchant un véritable concert aléatoire au beau milieu de la journée. Les villageois, eux, vivaient déjà sous une ombre sonore bien plus pesante : le bruit incessant des avions qui survolaient leur hameau tranquille à des heures tout aussi déraisonnables. Fatigués par ces perturbations aériennes, ils n’étaient plus capables de tolérer un infime écart bruyant de leurs semblables, humains ou aviaires. C’est ainsi que les cocoricos intempestifs de Coco, Rico, et Paco devinrent la figure insupportable de leur malaise quotidien. La moindre sérénade décalée provoquait des levées de boucliers parmi les riverains, prêts à brandir des pancartes de protestation : « Trop, c’est trop ! » ou encore « Silence, coqs indisciplinés ! ».
Ironie du sort, les villageois, incapables de supporter le chant naturel et spontané de ces pauvres volatiles, se mirent en quête de solutions loufoques pour rétablir un semblant d’ordre phonique. Des réunions furent organisées pour débattre de l’implantation d’un couvre-feu pour gallinacés, ou encore de l’idée farfelue d’installer des horloges biologiques sur nos trois compères emplumés. Finalement, excédés par les décibels superflus, les habitants demandèrent une déviation de la ligne aérienne. Et lorsqu’enfin les avions cessèrent de survoler leur village, on espérait une paix retrouvée. Mais, ô surprise, l’absence de bruit des appareils rendit soudainement les psalmodies décalées de ces gros piafs encore plus perceptibles et agaçantes.

La morale de cette histoire est aussi absurde que la situation elle-même : dans un monde où chacun aspire à un silence absolu et à une tranquillité parfaite, le moindre bruit devient une offense. Coco, Rico, et Paco n’étaient que des oiseaux après tout, et les avions des moyens de transport que nous utilisons. Mais dans une société où l’on ne supporte plus rien ni personne, même l’hymne instinctif d’un coq devient un acte de rébellion et les coucous des perturbateurs quand nous ne sommes pas dedans. Ainsi, les habitants de cette bourgade continuèrent de se débattre avec leurs volailles déphasés, symboles malgré eux d’une époque où la tolérance et la compréhension semblaient s’être envolées avec le dernier avion.
En chassant un problème, en avait surgit un autre… 

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