Source photo : Notre Temps

Éric Antoine

En dépit du bon sens et pour une raison inconnue, Éric, ce grand macaroni connu et reconnu, sortit de son lit en posant en premier les mains à terre, suivi de son arrière-train fatigué d’être coincé entre un si grand buste et de si grandes jambes. Entre soupirs de refus et râles de désespoir, il finit par se hisser de toute sa hauteur et se diriger, les bras trainant sur le carrelage, vers la cuisine. Telle une licorne, ou plutôt un «bicorne» –compte tenu des deux touffes pointues plantées de chaque côté de son crâne– il se crut dans un paradis matinal : celui du petit-déjeuner qui aide à se réveiller tout en douceur. Pas de chance, la cafetière était vide ! Dans un grognement primitif, il ouvrit le réfrigérateur pensant trouver un remplaçant à cette absence inhabituelle de café. Encore pas de chance, rien qui puisse être avalé au petit-déjeuner dans ce cube froid à qui l’on avait aussi oublié de remplir la panse. Un tiroir et une porte de placard plus tard, rien n’avait été trouvé par ce grand macaroni avide de nourriture. Dépité, il reprit la direction de sa chambre, les bras trainant toujours par terre et se recoucha dans le même ordre qu’il s’était levé. Au petit matin, lorsqu’il se réveilla, il comprit qu’il avait rêvé. Mais l’énorme filet de bave qui le reliait à son oreiller quand il leva la tête lui rappela que la faim éprouvée durant cette nuit, elle, était bien réelle… Macaroni était devenu cannelloni, et il lui fallait être farci…

 

«Un artiste, une histoire», c’est un moment purement fictif, une écriture instinctive de l’auteure dans un coin de canapé à une heure improbable

© Copyright 2020 Florence DAUPHIN

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