Sur une musique de LAEI, À découvrir sur lacrymosa.tuxfamily.org
Extrait de l’album Eponyme 1, titre : Silent cry of a people
Quand vous seul savez
Myriam habilla très vite le petit et profita de l’absence de son mari pour s’éclipser de la maison. La rue piétonne aux pavés manquants rendait l’accélération de la marche compliquée. Son enfant de 3 ans, Victor, peinait à suivre sa mère qui ne perdait pas une minute. Mais qu’aurait-elle pu faire ? Le laisser seul ? C’était impossible.
Dissimulée sous une capuche, la femme respirait avec difficulté. Il faisait une chaleur écrasante, mais elle ne devait pas être vue… Elle traînait Victor comme un bagage trop lourd. Le pauvre gamin avait mal dans le bras à force d’être tiré par sa mère. Myriam traversa la grande place puis le marché, la tête basse, tentant de ne pas se faire remarquer. Elle tourna au prochain embranchement et disparut dans une ruelle. Elle longea le canal, puis à mi-chemin emprunta un escalier qui l’emmena sous un pont. Un homme attendait, aux aguets. Près de lui, une petite porte qui menait aux entrailles de la ville. Souterrain qui servait autrefois à entreposer les réserves de marchandises du marché. Il l’ouvrit à l’aide d’une énorme clé, vieille et lourde, puis attendit. Myriam s’engouffra avec Victor et descendit les quelques marches. Elle enleva son long gilet à capuche, le déposa au sol puis se tourna vers son fils. Il était en sueur, fatigué, presque somnolent. Cette espèce de cave avec ses plafonds très bas renfermait une chaleur et une moiteur étouffantes. Elle lui demanda de ne pas bouger en lui disant qu’elle reviendrait le chercher dans quelques minutes et l’embrassa. Elle remonta, l’homme referma la porte et la verrouilla à double tour. Il enlaça et embrassa Myriam. Il la prit par le bras et les deux amoureux commencèrent à s’éloigner le long du canal en contrebas.
Soudain, un coup de feu. L’homme s’effondre, Myriam pousse un cri strident. Elle entend quelqu’un qui court, elle se retourne, c’est son mari, un revolver à la main. Il les a surpris ! Dans ce pays où l’adultère est un crime, la sanction tombe. Il la bat violemment, l’attrape par les cheveux et la ramène prestement à la maison.
Ce jour-là, il la battra si fort qu’elle en mourra. Elle qui fut la seule à savoir où était son fils…
© Copyright 2016 Florence DAUPHIN
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