La belle époque

Sortie le 6 novembre 2019

SYNOPSIS 

Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour…

 Casting :
Casting du film La belle epoque de Nicolas Bedos

Photo de Nicolas Bedos

La signature.

Celle que l’on trouve toujours en bas. Cette fois, c’est en début que l’on trouve celle de Nicolas Bedos. Le ton est donné dès les premières minutes. Nous savons que nous allons vivre cette histoire nous aussi et que la suite va être dense. On nous pose là le quotidien, devenu pesant, d’un couple aux répliques cinglantes, parfois crues et c’est ce qui est bon.

Un mariage qui fait naufrage.

Victor (Daniel Auteuil), un homme aigri et ronchon, qui à mon sens est plus à plaindre qu’à blâmer, n’a pas évolué avec son temps et fuit toute modernité. Face à lui, Marianne, sa femme (Fanny Ardant) qui bien au contraire est à la pointe et mord la vie à pleines dents. Devenue sarcastique et détestable par un manque de partage et de goûts communs, elle fuit sa déception et sa solitude dans le lit d’un autre.
Parallèlement à cet amour qui meurt, un couple plus jeune, Antoine et Margot (Doria Tillier et Guillaume Canet), s’embrase dans un amour vache. Une passion non maîtrisée qui tente de survivre par des «je t’aime, moi non plus», incessants.

Dans les deux cas, des couples s’aiment sans, vraiment, savoir comment s’y prendre. L’un sait que l’amour est là, mais ne le gère pas, l’autre a oublié…

Le jeune couple va alors vivre une prise de conscience à travers la renaissance de ces vieux mariés. À travers des caméras et des décors en carton.

Victor décide par le biais d’une société de revivre l’année 1974 par une gigantesque mise en scène. L’année pendant laquelle il a rencontré son grand amour : sa femme. Cette société est dirigée par Antoine, qui n’hésite pas à demander à sa compagne Margot de s’investir dans le rôle du grand amour en question. Mais la situation va vite échapper à leur contrôle, pour les uns comme pour les autres…

Un film à voir et revoir

Des sauts vifs d’une époque à une autre sans jamais être perdu. Un scénario maîtrisé et bien rythmé. Des émotions et sentiments de tous genres. Des personnages aussi détestables qu’attachants.

Un film bouleversant qui m’a laissée sur le fauteuil de la salle de cinéma alors que nous étions déjà dehors. Pas un acteur n’a failli à sa performance ! Fanny Ardant sublime et sarcastique, Doria Tillier campe tellement son personnage que l’impression d’être assis en face d’elle dans ce café est perturbante. Naturellement époustouflante ! Guillaume Canet, nous envoie le perfectionnisme de son rôle tyrannique en pleine figure, si bien que même nous dans la salle, nous n’osions pas broncher ! Daniel Auteuil si touchant que l’on prend facilement son personnage en pitié. Car finalement, cet homme m’a inspiré de la de peine. Une scène du début du film (que l’on voit dans la bande-annonce) parle d’elle-même :

Ce moment où tous attablés, les convives parlent de cette entreprise «nouvelle génération» que Victor est le seul à ne pas encenser, car, en vérité, il n’y comprend rien et est complètement hors du temps, une moquerie mesquine de la tablée débute, mais ne semble même pas l’atteindre. Il y a un sentiment de capitulation, il est blasé. Malgré le cynisme de sa femme devant tout le monde, là encore, Victor reste détaché. À la question : «Si vous deviez revivre une époque, ce serait laquelle ?», il n’aura qu’une seule réponse : «La préhistoire. À cette époque, je couchais encore avec ma femme».

Entre les attaques d’une femme qui s’ennuie, qui regarde vers l’avenir et les réponses d’un homme blasé et nostalgique qui se laisse vivre et regarde derrière, il y a des appels au secours très maladroits de deux personnes qui ne savent plus pourquoi elles se sont aimées, mais pourquoi elles ne s’aiment plus. Il semble que le temps ne laisse de place qu’aux défauts, effaçant les qualités aux yeux de l’autre.

Et puis, il y a cet autre couple, qui lui sait pourquoi il s’aime, mais ne sait pas comment le faire au quotidien ni dans la durée.

La course effrénée à la modernité nous laisse face à des personnes ayant réussi à suivre le mouvement et à d’autres se retrouvant perdues au bord d’une route des années en arrière…
Par peur, par refus ou par incompréhension.

Le ressenti de chacun

En couple depuis 31 ans et mariée depuis 25 ans, je me suis sentie propulsée dans le scénario. Ce film m’a confortée dans l’idée de ne pas changer ma ligne de conduite. Celle qui me dicte chaque jour d’être prise d’un fou rire à n’importe quelle heure de la journée sous les yeux désespérés de mon cher mari. De ne jamais penser que je suis trop vieille pour ces conneries, et surtout d’accompagner et compléter mon conjoint qui, comme le personnage de ce film, est mon opposé. Il faut alors faire preuve d’idées pour embarquer sa moitié avec soi afin de partager son univers sans brusquer ni forcer. Échange, complicité et différence sont une force, il suffit de savoir s’en servir… Ne jamais oublier les raisons pour lesquelles nous avons pris la route ensemble.

Je recommande vivement ce film bourré d’émotions et de messages réalistes avec un casting ébouriffant.

Mention spéciale

Mention pour la bande-son, car on aurait pu tomber sur des choix un peu «clichés». Très bon choix de chansons !

Bémol

Un seul regret pour ce film et une question qui j’espère trouvera sa réponse auprès des concernés:

Pourquoi ce n’est pas la vraie Gisèle, la Gisèle du monde actuel qui entre dans le café lorsque Victor et Marianne s’y retrouvent ?
Ça me semblait plus logique puisque Marianne reprend contact par téléphone. Un peu déçue de voir entrer la Gisèle de 1974.

Si vous ne comprenez rien à cette question, c’est l’occasion d’aller voir le film et de revenir ici me dire si la même question s’est imposée à vous  !

Bonne séance !

Et comme toujours, on se retrouve sur les réseaux sociaux.