Image romantique avec une bouteille de champagne, des chandelles, des roses et deux verres de vin sur un fond rose orangé avec un coeur.

 

Internet et les espoirs déçus d’Odette.

Elle avait tout prévu : lumière tamisée, champagne, chandelles, pétales disséminés sur la moquette de la chambre d’hôtel jusqu’au champs de tir, et les sous-vêtements affriolants que l’on expose dans ces moments-là. Mais la soirée débutait mal. Son crush était en retard et son impatience, sur une échelle de dix, était à douze.

Son string commençait sérieusement à l’incommoder, tout comme les attaches de son porte-jarretelle ainsi que les baleines de son lance-pierres. Elle grommelait entre deux reprises de son rouge à lèvres après s’être empiffrée des deux tiers des amuse-gueule qu’elle avait pris soin de faire monter. Et en parlant de gueule, la sienne virait au drame à chaque minute de retard supplémentaire de Gérard ! C’était officiel : Odette pèterait bientôt les plombs.

Cette septuagénaire, encore bien dans son moule, se demandait ce qui lui était passé par la tête. Après avoir découvert internet, et le nid de pépés en quête d’un dernier désir vertical qui remplissaient la toile, elle avait espéré, dans une seconde de folie, qu’elle pourrait revivre des expériences passées, ou plutôt, jamais passées. Oui, Odette était vierge à soixante-dix ans. Pour quelles raisons ? Ça restait un mystère… Mais l’arrivée de la fibre venait d’accélérer son processus de bourgeonnement, bien qu’à son âge, elle fût plus proche d’être flétrie. Mais elle ne pouvait se résoudre à mourir… vide ! Quelle ne fut pas sa déception quand Gérard se pointa dans l’antre de la bête du «j’ai-vos-dents», justifiant son retard par une petite urgence médicale du genre : «J’ai la prostate qui se carapate ! ». Gégé venait de subir une fouille en règle chez l’urologue. Après une étude approfondie de sa glande prostatique par l’introduction d’un engin à ultrasons dans le rectum, Odette s’interrogea sur l’éventualité que son rencard ait déjà joui dans le cabinet du docteur miracle. Mince… la tuile ! Elle voyait bien que pépé était épuisé par son périple. Dans le doute, elle pria pour que ce rendez-vous se termine de façon torride. La seule chose torride fut l’étreinte de leurs voisins de chambre dont la tête de lit tapa joyeusement contre le mur toute la nuit, rythmant les ronflements de pépé. Désolée Odette, encore raté ! C’est moi qui écris, c’est moi qui choisis !

«Une image, une histoire», c’est une inspiration soudaine, pendant le remplissage d’une image dans une application de peinture par numéro. 

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© Copyright 2023 Florence DAUPHIN